Le ministre de l'Education nationale a dit mercredi souhaiter une "expérimentation d'ampleur" sur le port de l'uniforme à l'école.
L'objectif de cet essai dans diverses collectivités locales doit permettre d'en mesurer l'efficacité.
TF1 info fait le point sur ce que nous disent les études sur les possibles avantages de ce dispositif.
Il se dit "partagé sur la question". S'exprimant au sujet du port de l'uniforme ce mercredi 6 décembre, Gabriel Attal s'est montré sceptique. Le ministre de l'Éducation nationale a dit ne pas être "convaincu que cette solution permettrait de tout régler, et pas non plus convaincu, comme certains, qu'il ne faudrait pas en parler et l'essayer". C'est pourquoi, le ministre prévoit d'annoncer d'ici à la fin d'année une "expérimentation de grande ampleur". Lancée dans différentes collectivités locales, elle doit notamment permettre d'analyser les résultats en matière "de climat scolaire, d'élévation du niveau de nos élèves", d'impact "sur l'autorité à l'école, le harcèlement scolaire" et "les questions de laïcité". L'occasion de se demander ce que disent les études déjà existantes à ce sujet.
Des effets qui ne sont pas "significatifs"
La plupart des études réalisées à ce sujet portent précisément sur leur impact sur les résultats scolaires. Mais alors que démontrent-elles ? La majorité de celles que nous avons repérées se contredisent. À titre d'exemple, une étude publiée en avril 2010 aux États-Unis montre une "corrélation positive entre les uniformes et les résultats scolaires", quand un autre, parue un an plus tôt, ne suggérait "aucune association significative entre les politiques relatives à l'uniforme scolaire et la réussite des élèves". Pour en savoir plus, nous nous sommes donc tournés vers une méta-analyse, cette méthode scientifique qui consiste à combiner les résultats d'une série d'études indépendantes pour en faire une synthèse. À partir de 800 travaux différents, un chercheur néo-zélandais a tenté d'examiner les effets de chaque variable sur les résultats scolaires. Et il a démontré que le port de l'uniforme était associé de manière "négligeable, voire inexistante" à la réussite scolaire. Dans une mise à jour de ses travaux publiés en 2017, le même chercheur, John Hattie, a listé les 252 facteurs ayant un impact sur l'apprentissage. L'uniforme n'y apparaît pas.
Les travaux portant sur de vastes échantillons ne parviennent donc pas à établir un lien formel entre le port de l'uniforme et la réussite scolaire.
Gabriel Attal souhaite également analyser l'effet de l'uniforme sur le climat scolaire. Une méta-analyse publiée en 2021, à partir de 92 travaux scientifiques évalués par des pairs à ce sujet, a identifié que, s'il est accompagné d'autres dispositifs, l'uniforme peut "contribuer à créer un environnement propice à la réussite scolaire". Citant des travaux publiés en 2016 à partir du classement Pisa, la chercheuse néo-zélandaise spécialisée en santé publique affirme ainsi qu'il existe une "différence statistiquement significative en ce qui concerne la mise en place du travail" entre les échantillons portant un uniforme et ceux qui n'en revêtent pas. Aux États-Unis, d'autres travaux montrent une "amélioration de la concentration" dans les établissements dans lesquels l'uniforme est obligatoire. Mais dans aucun de ces cas l'uniforme ne se suffit à lui seul, relève la chercheuse néo-zélandaise Johanna Reidy.
Toujours dans la même méta-analyse, Johanna Reidy conclut que les uniformes "peuvent protéger la santé des plus jeunes sur le plan psychosocial". Elle assure en effet que les différentes analyses à ce sujet prouvent que ces tenues suppriment la "compétition" entre les élèves, la "pression de porter certaines marques, couleurs ou styles coûteux". En somme, l'uniforme "supprime la plupart des signes socio-économiques de différence". De là à gommer le harcèlement scolaire ? Pas si sûr. À partir des 92 études analysées, la méta-analyse n'a pas pu dégager de résultats clairs, évoquant des "données mitigées" à ce sujet. Ainsi, une étude menée aux États-Unis en 2011 n'a pas démontré d'effet "significatif" sur le harcèlement après la mise en place d'un uniforme scolaire, bien que certaines jeunes femmes aient déclaré être mieux traitées par les hommes. En cause, l'existence de certains "déclencheurs" au harcèlement, comme le choix des élèves de porter des pantalons plutôt que des jupes.