En Belgique, huit écoles secondaires imposent l’uniforme mais de nombreux parents souhaiteraient le généraliser. Un blazer bleu marine, des socquettes blanches, une jupette plissée. Pour la majorité, cette tenue est le témoin d’un temps lointain, révolu. Une époque durant laquelle on écrivait encore avec une plume, un buvard coincé sous le poignet. Pour quelques-uns, ce code vestimentaire est quotidien. L’uniforme de leur école remplit leur armoire. Pas besoin de réfléchir à ce que l’on va porter le matin. Et si l’on réintroduisait l’uniforme dans toutes les écoles afin de redorer l’écusson de cette institution ? Une idée dans l’air du temps.
Alors que les élèves et lycéens des années 60 se battaient énergiquement pour supprimer l’uniforme, leurs enfants se disent aujourd’hui plutôt pour sa réintroduction. En France, l’idée se concrétise. La droite disposait de ce projet dans ses cartons depuis une dizaine d’années. Jeudi dernier, le Premier ministre François Fillon l’a sorti au grand jour. Il souhaite que certaines écoles, sur base du volontariat, mettent en place une tenue uniforme. Si l’expérience se montre concluante, la mesure pourrait bien être étendue à tout l’Hexagone.
En Belgique, seules huit écoles secondaires imposent encore l’uniforme. Et encore. Souvent, il s’agit simplement d’un code couleur. Les enfants ne peuvent porter que du beige, du marron et du blanc par exemple. L’institut de la Vierge fidèle à Schaerbeek est la seule école à imposer un uniforme comme les écoles britanniques. « Nous ne pouvions porter que les vêtements achetés dans une seule boutique, explique Ombline, ancienne élève de l’institut. Nous portions soit une jupe soit un pantalon bleu marine avec un chemisier blanc et un petit pull. Cela ne me dérangeait pas mais je me souviens que cela était assez cher. Le pull coûtait dans les 50 euros et le pantalon 80 euros. Du coup, certaines familles plus modestes rachetaient les vêtements d’autres jeunes filles. »
L’uniforme strict ne serait donc pas plus économique. Le code couleur, lui, peut se révéler moins onéreux car les parents peuvent sortir du diktat de la mode. Il permettrait de protéger les familles les moins favorisées de la pression consumériste et de lutter contre le racket de vêtements de marque. Fini le sweat Abercrombie ou le t-shirt Super dry, les deux marques préférées des adolescents. Place au pull blanc sans sigle censé gommer les différences sociales. Car c’est avant tout cela, le principe de la tenue identique. Tous égaux.
L’uniforme apporterait aussi plus de rigueur, un cadre dans l’éducation des enfants. Une discipline que de nombreux parents semblent regretter. Mais il est aussi le témoin d’une époque révolue, d’une vision rétrograde de l’école. Le fait d’être dans un établissement qui oblige l’uniforme montre déjà son appartenance à un groupe social. Les écoles belges qui l’appliquent sont toutes dans le réseau catholique et s’adressent généralement à des enfants « de bonne famille ». Certains directeurs avouent même à demi-mot que le port de l’uniforme rebute une partie de la société dont ils ne veulent pas en leurs murs. D’autres ont fini par l’abandonner, à contrecœur, car les surveillants passaient plus de temps à contrôler les vêtements qu’à s’occuper des réels problèmes de comportement. Et les règlements d’ordre intérieur disposant d’articles sur la tenue vestimentaire se sont multipliés.
La Belgique ne pourra de toute façon imposer l’uniforme à tous les établissements. Le principe de la liberté d’enseignement ne le permet pas. Cela restera à la libre appréciation du préfet.